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Ciseleuse : Plaidoyer pour féminiser les noms des métiers dans l'artisanat d'art

La célébration de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars dernier a été marquée par la publication des statistiques 2024 sur les femmes dirigeantes d'entreprises artisanales par la Chambre des Métiers et de l'Artisanat d'Île-de-France. Cet événement a souligné la présence croissante des femmes dans ce domaine, une tendance positive qui mérite d'être soulignée.


Lors de la récente remise des trophées Madame Artisanat le 27 mars, Joël Fourny, président de la CMA France, a annoncé une demande importante : la féminisation des titres de Maître artisan et Maître artisan en métiers d'art. Cette initiative, modeste en apparence, revêt une grande importance pour la reconnaissance des femmes dans nos métiers.



"Métier d'homme" : un non-sens historique


Les métiers d'art, longtemps considérés comme l'apanage des hommes, ont pourtant été pratiqués par des femmes depuis des siècles. Par exemple, Jehanne l'orfavresse, l'une des premières femmes orfèvres connues, exerçait son métier en 1298, démontrant ainsi que les femmes ont toujours été présentes dans ces domaines. Vous pouvez d'ailleurs retrouver un petit bout de son histoire dans mon livre numérique "Découvrir la ciselure". Malgré cela, les stéréotypes persistent, associant souvent les métiers d'art, notamment ceux du métal, à la force brute et à l'inaptitude supposée des hommes à la précision et à la finesse. Ces clichés erronés ne sont bénéfiques pour personne.



La féminisation des titres et des noms de métiers est donc un changement nécessaire. Cela contribue à normaliser la présence des femmes dans les métiers de l'artisanat et à encourager l'engagement des jeunes filles dans les voies professionnelles et l'apprentissage. De plus, cela reconnaît le rôle significatif des femmes dans l'entrepreneuriat et leur contribution au succès des entreprises artisanales.


Un exemple inspirant est celui de la société RAJA, bien connue des entreprises artisanales qui ont besoin d'emballages pour leurs créations. Elle a été fondée en 1954 par Rachel Marcovici et Janine Rocher, à une époque où les femmes ne pouvaient ni travailler, ni ouvrir un compte bancaire sans l'autorisation de leurs maris.

Malgré les obstacles, cette entreprise est aujourd'hui un groupe international dirigé par Danièle Kapel-Marcovici, la fille de Rachel. Cette histoire illustre parfaitement le potentiel des femmes dans le monde des affaires et leur capacité à surmonter les défis.



Le pouvoir des mots



La féminisation des noms de métiers va au-delà de la simple reconnaissance formelle. Cela renforce la confiance des femmes en leurs propres capacités et les encourage à revendiquer pleinement leur place dans leur domaine d'expertise. Il est crucial de choisir les mots avec soin, car ils ont un impact significatif sur notre perception de nous-mêmes et sur la manière dont les autres nous perçoivent.


Imaginez-vous lors d'un vernissage, où une personne inconnue vous demande "Tu fais quoi dans la vie ?". Votre réponse reflète votre identité professionnelle et peut influencer la façon dont les autres vous perçoivent. En féminisant les noms de nos métiers, nous affirmons que les compétences et les aptitudes n'ont pas de genre, mais sont le fruit du travail et de l'expérience.



Le corps, un outil à soigner autant que notre tournevis préféré


Il est important de reconnaître que les métiers d'art ne sont pas exclusivement physiques et peuvent nécessiter une attention particulière à la santé et au bien-être. Des innovations telles que les souris ergonomiques dans le domaine de l'e-sport montrent qu'il est possible d'adapter les outils et les environnements de travail pour prévenir les blessures et promouvoir le confort de travail. Dans l'artisanat, notre corps est notre outil de travail : plutôt que de forcer quitte à s'épuiser pour correspondre à un stéréotype de genre, il faut au contraire en prendre soin pour gagner en efficacité.



En conclusion, la féminisation des noms de métiers est un pas essentiel vers l'égalité des sexes et la reconnaissance de la contribution des femmes dans tous les domaines professionnels. Il est temps de revendiquer notre place et de valoriser nos compétences en nous réappropriant nos dénominations professionnelles.

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