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La ciselure, métier rare #2 : Outils

Une très jolie citation de Lucien Falize décrit le métier de ciseleur avec poésie :

Le ciseleur a le devoir de faire dire au métal ce que le sculpteur n'a pu lui donner ; ce que ne livre ni la terre ni la cire ni le bois ni le marbre ; cette fleur de l'épiderme, le chairé de la peau, la maille du tissu, les nervures des feuilles, le moiré des fleurs ; tout cet infini délicat qui charme l'œil et donne la couleur et l'esprit à la matière.

Pour ce faire, plusieurs outils sont à notre disposition.


Les ciselets et outils coupants


Il existe deux grandes catégories : les ciselets clairs (photo de gauche) et les ciselets mats (photo de droite). Je vais passer en revue les formes principales, mais comme les ciselets sont forgés par le ciseleur en fonction de la pièce à décorer, un ciselet peut prendre absolument n’importe quelle forme.



Les ciselets clairs sont les traçoirs, qui ont une forme droite ou courbe, et servent à tracer ou redessiner les contours d’un motif.


Il y a aussi les bouterolles et les perloirs : la bouterolle bombée (dessin de gauche) sert à faire son empreinte en creux sur le perloir (dessin de droite), ils sont donc toujours fabriqués par paire.



Les outils à repousser, beaucoup plus gros pour la plupart, servent à mettre en volume une plaque de métal. Pour le travail du repoussé, il existe aussi les biais, qui sont comme leur nom l’indique taillés en biais, et servent à reprendre les contours d’un volume. Ce sont les outils que j'ai utilisés par exemple pour réaliser ma sculpture Face.


Les têtes des perloirs, les outils à repousser et les biais sont toujours polis afin d’avoir une surface lisse et ne pas marquer le métal outre mesure.


Les ciselets mats sont ceux qui servent à donner de la vie au métal. Il en existe de toutes tailles et toutes formes, les plus répandus sont les mats sablés et les mats à la pointe, qui donnent un grain plus ou moins marqué au métal ; et les mats rayés, qui permettent de tracer par exemple les cheveux ou les poils. Une infinité de textures est possible : imitation d’écorce, d’écailles, de roche ; quadrillage …



Pour la collection Hibiscus, j'ai par exemple utilisé :


  • Un mat sablé (le plus fin) et un mat grenu pour les pétales

  • Deux bouterolles de tailles différentes pour le cœur de la fleur

  • Un perloir pour bien tracer le pistil central





Enfin, les outils coupants sont les outils utilisés pour le travail du bronze et dans la technique du pris sur pièce, qui est très proche de la sculpture. Suivant la forme à sculpter on utilise un burin, une agnette, une gouge ou un ciseau, qui ont tous les quatre des profils différents.




Le marteau


Les marteaux de ciseleur ont une forme particulière qui permet de bien tenir l’extrémité du marteau dans la paume de sa main. Au fur et à mesure du temps, le manche prend l'empreinte de la main. L’angle donné entre le manche et la plane (extrémité plate de la tête) du marteau permet de moins fatiguer le poignet. Il existe 2 tailles : le marteau classique et le marteau à repousser, avec un manche plus long et une tête plus grande.



Les marteaux étaient fabriqués de A à Z par le ciseleur, tête comme manche ; mais désormais (en tout cas en me basant sur ma formation à l’école Boulle), on reçoit les têtes fabriquées industriellement, et on taille l’extrémité du manche pour pouvoir emmancher la tête. Il est toujours possible de trouver des marteaux anciens en brocante, ou de faire fabriquer son marteau par un artisan (mais ça coûte plus cher 😉).



Les supports


Pour tenir la pièce travaillée, il y a plusieurs solutions :

  • Dans le cas d’un bronze, qui est souvent un volume, la pièce est prise dans un étau (schéma de gauche) ; ou tenue avec un bout de ficelle passé à travers l’établi sur un support en bois ou un coussin en cuir rempli de sable (schéma de droite).

  • Dans le cas du travail d’une tôle de cuivre ou de laiton, la plaque est prise dans le ciment de ciseleur, sur un boulet.