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La ciselure, métier rare #3 : Techniques

Je vais me concentrer ici sur trois des techniques de décor propres à la ciselure : le tracé matis, le repoussé et la ciselure sur pièce fondue.

Le tracé matis et le repoussé


Le tracé matis est la reproduction d’un décor à plat, que ce soit sur une tôle ou un objet en volume. C’est la technique qui ressemble le plus à la gravure une fois le motif ciselé. Pour réaliser un motif en tracé matis, on le reporte sur la tôle :

  • soit à main levée avec une pointe à tracer

  • soit en graissant la tôle avec de la plastiline, puis en appliquant un calque sur lequel le motif est dessiné. En redessinant le motif sur le calque, le graphite du crayon se fixe sur le gras. On peut ensuite repasser le motif à la pointe à tracer. Il existe plusieurs techniques de report de dessin suivant la forme du décor ou de l’objet à décorer.


La tôle est ensuite mise en ciment. On utilise le plus souvent des traçoirs, courbes ou droits, pour les contours, et des mats pour donner l’illusion des différentes matières.


Ci-dessous, quelques exemples de tracé matis que j'ai réalisés sur des bijoux, des objets et des sculptures :



Pour le repoussé, on reporte le décor à réaliser sur le métal de la même façon que pour le tracé matis, mais il y a plus d’étapes de travail, car la tôle est travaillée sur l’endroit et sur l’envers. On trace d’abord les contours des volumes aux traçoirs sur l’endroit de la tôle mise en ciment. Puis on retourne la tôle, on la met en ciment à l’envers, et on utilise les ciselets à repousser pour repousser (obviously) la matière. Les volumes sont donc créés en négatif !


Il est très utile d’avoir réalisé au préalable un modelage du volume à réaliser, pour pouvoir le comparer au fur et à mesure de l’avancée de son travail avec le volume repoussé en métal. Un exemple ci-dessous de l'avancée d'un travail en repoussé sur cuivre, de la première ébauche jusqu'à la sculpture patinée :



La tôle est régulièrement enlevée du ciment, et recuite (c’est-à-dire chauffée jusqu’à atteindre une teinte rouge cerise) pour détendre la structure du métal. Un métal martelé et repoussé qui n’est pas recuit régulièrement devient très vite écroui (très dur), et risque de s’affiner trop à certains endroits, voire de se percer.


Une fois les volumes principaux réalisés, on peut remettre la tôle à l’endroit, et venir utiliser les mêmes ciselets que pour un tracé matis pour préciser les détails, les contours, les effets de matière ...



La ciselure sur pièce fondue


Cette technique concerne surtout le travail des bronzes (bronzes d’ameublement, parties de luminaires, objets …) et des fontes en métaux précieux. Le ciseleur reçoit la pièce brute de fonte.


A l’aide de limes, de rifloirs et d’outils coupants, il fait une reprise de fonte, qui consiste à :

  • Enlever les surplus de métal présents sur la fonte (ébarbage des jets de fonte et coutures) ;

  • Rattraper les défauts comme les piqûres, les trous, les différences d’épaisseur de métal (réparure et ragréure) ;

  • Resculpter certaines zones qui seraient mal sorties de la fonderie (pris sur pièce) ;

  • Lisser les surfaces (blanchi).

Une fois la pièce « propre », il peut reprendre les contours des formes précisément avec ses traçoirs, et texturer le métal avec ses mats.


Quelques exemples de reprise de fonte sur des morceaux de luminaires, réalisés entre 2015 et 2020 pour un serrurier d'art :

  • Etapes de réparure, ragréure et blanchi

  • Pièce polie, sans ciselure

  • Pièce polie et ciselée à gauche



Ces techniques de ciselure sont à ma connaissance les plus utilisées actuellement, que ce soit dans la création contemporaine, dans la fabrication de luminaires et mobilier de style, ou dans la restitution d’objets d’époque et la restauration.


Il en existe d’autres : ramolayé, tracé matis à fonds descendus, pris sur pièce (que j’ai peu détaillé ci-dessus), repoussé en coquillé, repoussé à la recingle (ou ressing), repoussé sur modèle en bois … Elles sont détaillées dans des ouvrages spécialisés, notamment :

  • « La ciselure et ses techniques », de Guy De Bois, aux éditions Eyrolles

  • « Manuel du bronze d’art, ciselure et gravure », Georges HAMM, éditions Emotions primitives, 2008 (réédition d’un original paru en 1924 à la libraire Baillière)

  • « Nouveau manuel complet du ciseleur », Jean GARNIER, éditions Emotions primitives, 2007 (réédition de l’original paru en 1853 à la librairie Roret)


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Partie #2

Partie #4

Partie #5

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