Portrait par Igor Robinet-Slansky - Les carnets d'Igor

Cité des Taillandiers, Paris 11

3 questions à Agnès Sevestre, Maître artisane ciseleuse & fondatrice de A.S. Bronze d’art.

Créatrice de bijoux et de pièces contemporaines en laiton et cuivre, Agnès Sevestre travaille également à la restauration d’objets du patrimoine.

1. Vous êtes artisane ciseleuse. Vous créez des bijoux, objets et sculptures à l’esthétique contemporaine suivant des gestes et savoir-faire traditionnels séculaires. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours, votre métier, votre travail et votre univers créatif ?

J’ai fondé la marque A.S. Bronze d’art en 2018 avec laquelle je propose des bijoux, ornements et objets de décoration créatifs en laiton ou cuivre ciselé, aux lignes contemporaines et inspirées de la nature.

C’est lors de ma formation à l’école Boulle, à Paris, que j’ai découvert la ciselure et le travail du métal, notamment du bronze. Après différents stages, mon goût pour cet art a grandi, et je suis devenue ciseleuse. Toutefois, après avoir travaillé pour plusieurs entreprises dans la restauration de patrimoine ou chez des spécialistes du luminaire contemporain, mon besoin de liberté créative m’a poussé à lancer mon activité d’artisane ciseleuse en indépendante.

J’ai ainsi commencé à fabriquer des bijoux à partir de chutes de métal, pour des raisons financières, d’abord, mais aussi par conscience écologique, car pour moi, l’artisanat doit être aussi créatif qu’éthique.

Aujourd’hui encore, je continue à travailler à partir de pièces métalliques surcyclées, principalement du laiton et du cuivre, que je rachète à des fabricants de luminaires du 11e et 12e arrondissements. Mes propres chutes sont récupérées par une horlogère qui, à son tour, leur donne une nouvelle vie. Labellisée Fabriqué à Paris depuis 2022, A.S. Bronze d’art garantit ainsi une production locale et écoresponsable.

Les bijoux que je crée, et que je fabrique en circuit court, s’adressent d’abord aux particuliers qui souhaitent s’offrir une pièce originale en laiton ou cuivre ciselé. Influencée par la campagne où j’ai grandi, la nature est au cœur de mes inspirations.

Je suis émerveillée par la construction naturelle des motifs des végétaux, par la poésie organique des plantes et des feuillages, et j’associe cette délicatesse naturelle à des lignes contemporaines pour proposer des bijoux uniques et, je l’espère, désirables.

À mes créations, en vente sur mon site agnessevestre.com, s’ajoutent désormais des commandes sur-mesure qui permettent de créer, à la demande des clients, des pièces uniques qui racontent leur histoire.

En parallèle, je mets également mes compétences de ciseleuse au service de professionnels de la décoration, des arts de la table et de la restauration du patrimoine. Il faut en effet savoir qu’il ne reste que peu de ciseleurs en France – moins d'une centaine – et que nos savoir-faire sont précieux.

2. Vous proposez également des ateliers pour celles et ceux qui souhaiteraient s’essayer à votre art. Pouvez-vous nous préciser comment cela se passe-t-il et pourquoi avoir choisi de transmettre votre métier-passion ?

Les animations que je propose s’articulent entre des ateliers d’initiations pour les particuliers, et des ateliers de sensibilisation au métier de ciseleur auprès des jeunes générations.

Les stages découvertes à destination du grand public se déroulent dans mon atelier de la rue des Taillandiers à Paris. Le temps d’un après-midi, les stagiaires découvrent le métier de ciseleuse et les gestes séculaires des artisans bronziers, tout en créant avec moi un motif original.

Ce temps d’échange et de transmission est aussi une manière de sensibiliser les gens à la fabrication artisanale et à la façon dont ils consomment. Il est important qu’ils connaissent ce qu’ils achètent, qu’ils comprennent que derrière un objet, il y a des mains, des savoir-faire, et qu’ils apprennent à consommer en conscience.

En parallèle de ces stages, je travaille avec diverses organisations pour valoriser le métier de ciseleuse auprès des futurs travailleurs et, pourquoi pas, susciter des vocations. Je collabore avec l’association De l’or dans les mains dont la mission est de sensibiliser les collégiens aux métiers manuels par la pratique artisanale. J’explique ainsi mon travail et l’importance du geste artisanal aux groupes d’élèves que je rencontre.

Enfin, je travaille aussi ponctuellement avec des associations de réinsertion sociale afin d’échanger avec des personnes ayant peu ou pas d’accès à la culture autour des formations aux métiers de l’artisanat qui existent et qui pourraient les intéresser.

3. Vous participez à l’événement ParisLocal, et vos créations sont présentées sur la boutique en ligne de cette plateforme dédiée à la valorisation du savoir-faire artisanal du Grand Paris. Pouvez-vous nous précisez en quoi cette initiative est importante pour vous et pour les artisans grands-parisiens ?

Je participe à ParisLocal depuis sa création, et je ne peux que saluer ce type de rendez-vous. C’est d’abord, pour nous, artisans, un véritable outil de communication. ParisLocal est porté par l’Office de Tourisme de Paris et par les municipalités du Grand Paris, avec tout ce que cela implique en termes de moyens de communication (médias, réseaux sociaux, sites web), mais aussi de compétences indispensables pour accroître notre visibilité auprès du grand public.

En offrant une vitrine à la fois physique et digitale à nos ateliers et nos produits, ParisLocal encourage la découverte des métiers artisanaux, tout en mettant un coup de projecteur sur des savoir-faire et des produits locaux.

ParisLocal permet ainsi de reconnecter les consommateurs avec la réalité des gestes de l’artisan et les enjeux de la fabrication de proximité, tout en prenant conscience de l’importance d’une consommation éthique, locale et raisonnée. Un rôle éducatif primordial pour la viabilité de nos activités.

Enfin, à travers un événement comme ParisLocal, ce sont aussi les artisans du Grand Paris eux-mêmes qui se fédèrent autour de leurs métiers. Bénéficiant d’une mise en réseau unique, ils sont ainsi amenés à découvrir les savoir-faire des autres participants qui sont autant de potentiels partenaires à rencontrer et avec lesquels ils peuvent imaginer collaborer.

Retrouvez les articles et podcasts d'Igor Robinet-Slansky sur son site www.lescarnetsdigor.fr. Un grand merci à lui pour la qualité de nos échanges et de cet article !